Le Pharaon, le Sauvage et la Princesse (2022) de Michel Ocelot

Quand on pense à Michel Ocelot, on pense à Princes et princesses, Kirikou ou bien Azur et Asmar… en tout cas, on ne pensera pas à Le pharaon, le sauvage et la princesse.

Ce film est inutile, et j’espère que Michel Ocelot l’a fait suite à la demande du public et non pas de son plein gré.

Trois questionnements pour trois histoires et trois points qui m’ont énervé.

Premièrement, pourquoi la conteuse ? L’histoire est supposée être narrée par une conteuse, probablement à la fin du 19e siècle puisqu’elle semble être au pied de la tour Eiffel en construction. Elle conte à une foule molle, qui n’a rien d’intéressant à dire à part qu’après avoir écouté une bonne histoire, on ne peut qu’être silencieux le temps d’assimiler, et aussi clamer des éléments et des souhaits aléatoires à la conteuse pour l’aider à choisir ses histoires. La conteuse est inutile, elle n’apparaît qu’avant chaque histoire, et quand on s’attend à ce qu’elle intervienne à la toute fin : écran noir et générique de fin. Elle disparaît totalement dans les contes, perd son rôle de narrateur pour le laisser (parfois) à un personnage.

Deuxièmement, pourquoi trois animations différentes ? Bon, si la conteuse n’était pas là, éventuellement je n’aurais pas désapprécié à ce point ce changement d’animation, mais là, c’était inutile. “Le Pharaon” prend le style de Kirikou (2D couleur), “Le Sauvage” celui des Princes et princesses (2D figures noires) et “La Princesse” celui d’Azur et Asmar —en pire— (3D). Et la conteuse est également au style de Kirikou ; pourquoi ? Déjà que la conteuse ne sert à rien, elle fait tache au milieu d’une animation déjà décevante. Concernant l’animation en elle-même, je n’ai rien à dire, moins bien que du Michel Ocelot. “Le Pharaon” est potable, un peu maigre, “Le Sauvage” aussi, beaucoup moins créatif que ses autres films ; par contre “La Princesse” est immonde visuellement, mis à part les décors qui rendent bien car immobiles. La 3D est selon moi ratée, les personnages sont passables de face mais dès qu’ils tournent la tête, on se croirait face au signe noir du Barbie, lac des cygnes (oui, à ce point).

Troisièmement, pourquoi des histoires si inintéressantes ? “Le Pharaon” pourrait être plus intéressant s’il était plus approfondi. Le nouveau pharaon d’Égypte est noir (ce qui est précisé dans le titre anglais mais pas dans le français, je ne sais pourquoi), la reine d’un pays inconnu (ou que j’ai oublié ?) est ignoble et insupportable (personnage toutefois intéressant), et l’histoire en soi était captivante. Mais on a l’impression qu’elle est passée en accéléré. “Le Sauvage” est une reprise de Robin-des-Bois, mais des éléments demeurent étranges, mal expliqués —ou mal compris, j’admets. “La Princesse” quant à elle me désole. Déjà, l’histoire aurait dû s’appeler “Le Prince des beignets” par souci de cohérence, mais je pense qu’il fallait une entité féminine dans le titre donc ce choix a été fait —c’est d’ailleurs vrai après réflexion que ce film manque de représentation féminine, on évoque une jeune fille dans “Le Sauvage” mais la figure matriarcale et tyrannique de la mère dans “Le Pharaon” reste emblématique, avec son sein découvert.

En fait, ce qui me dérange le plus dans ce film, c’est le manque de cohérence. L’absence de régularité, de symétrie —qui serait passée si c’était un film, je l’admets, car au moins le réel des acteurs créerait un effet d’ensemble cohérent, mais là étant donné qu’on part sur une base d’aucune image et qu’on en crée une de A à Z, je recherche une cohérence, ou du moins une incohérence agréable— fait défaut à l’animation, si elle ne m’avait pas dérangé, le film ne m’aurait pas déplu à ce point.

NB : Après re-visionnage de la bande-annonce, j’avoue avoir été un peu mauvaise langue ou un peu extrême dans mes propos. L’animation est bien concernant “La Princesse”, peut-être un peu grossière —pas dans le sens vulgaire, c’est un chara-design que je respecte, même si je ne comprends pas pourquoi il n’est appliqué qu’à certains personnages mais là n’est pas le sujet— mais demeure agréable et poétique, et ce grâce aux décors époustouflants de Turquie au XVIIIe siècle.

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