Beau Travail (1999) de Claire Denis
Je m'en veux de ne pas avoir découvert ce film plus tôt, disons avant d'en avoir parlé en cours de cinéma. Mon visionnage a été parasité par mon incompréhension du synopsis qu'on m'avait raconté en classe, ce qui fait que je ne comprenais plus les comportements des personnages, et le fait qu'on avait visionné le climax du film, mais soit. De plus, j'ai visionné ce film en deux fois, ce qui était stupide de ma part, mais j'étais fatiguée.
Pour autant, ce film est magnifique. Le travail des corps des légionnaires par Claire Denis est très intéressant, cela se voit qu'elle ne porte pas un regard masculiniste sur ce domaine qui tente pourtant de l'être (on parle quand même ici de militaires). Ce film est une compilation de fragments de vie des légionnaires, leur quotidien, leurs sorties, leurs entraînements… Certains de ces exercices d'entraînement, par exemple, sont assez remarquables. Claire Denis les filme en train de s'embrasser (dans le sens d'embrassade) de façon très brutale. Dans une autre scène, Galoup et Sentain tournent en rond et se battent du regard, les faisant ressembler à deux oiseaux dont on ne sait s'ils se font la cour ou sont sur le point de s'entretuer. Par ailleurs, Claire Denis ne se résigne pas à placer la caméra de façon à ce que l'on profite pleinement de ces corps (ce qui n'est pas à lui reprocher), avec notamment des travellings qui filment principalement leurs fesses (ce qui n'est encore une fois pas à lui reprocher).
Pour en revenir sur cette masculinité et cette rivalité qu'éprouve Galoup à l'égard de Sentain, je n'ai pour ma part pas tant que ça remarqué l'appréciation du commandant de ce dernier (ce qui a fait que je me demande sans cesse qui est amoureux de qui). Galoup admire son commandant, qui quant à lui est admiratif (je pense ?) de Sentain, ce qui provoque la jalousie de Galoup, qui commence à se faire vieux. Ce qui l'amènera à commettre l'irréparable, et lui vaudra de se faire remercier de la légion. Le récit repose donc sur le discours rétrospectif de Galoup qui est maintenant à Marseille, qu'il récite (je pense) avant de commettre l'irréversible, dans une scène sublime où l'on ne voit que son bras en gros plan et une veine battre sur son muscle. J'ai le sentiment que ce dernier plan filme, en ne dévoilant pas l'acte en tant que tel mais en montrant précisément ce trait très masculin qu'est le muscle (encore plus de celui qui fait l'action décisive), le résultat d'une accumulation de frustration, de regret, de désir de s'exprimer pleinement issus de ce formatage de l'esprit masculin à ne rien laisser paraître (ce que l'on arrive heureusement à déconstruire de plus en plus aujourd'hui). Dans cette dernière scène de danse transcendantale, Galoup parvient enfin à s'exprimer pleinement. Il est enfin libre.
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